La mère qui tient son enfant dans ses bras
Conte viêtnamien

Il était une fois, dans un petit village, un jeune couple avec leur petit enfant.
Puis la guerre éclata. Le mari partit. La guerre était longue...
L’enfant grandissait et n’arrêtait pas de demander à sa mère où était son père. Un soir, pour consoler son enfant, elle lui montra son ombre, que projetait la lampe à pétrole sur le mur de la pièce, et lui dit :« Regarde, il est là, ton père. » Et ainsi, pendant que la mère rapièçait les vêtements, l’enfant jouait avec son ombre, son « père ». Chaque jour, le petit attendait avec impatience la tombée de la nuit quand sa mère allumait la lampe. Il adorait son père qui voulait toujours jouer avec lui et répétait à chaque fois ses gestes. Ça l’amusait beaucoup. L’entente parfaite règnait entre les deux.

La guerre finie, le mari rentra chez lui, heureux et impatient de retrouver sa famille.
Arrivé dans son village, il apprit que sa femme était aux champs. Le petit garçon devant lui devait être son fils. Il lui dit :« Me reconnais-tu ? Je suis ton père ! », voulant serrer dans ses bras son enfant qu’il aimait tant. Mais le petit lui répondit :« Tu n’est pas mon père. Mon père vient chaque soir chez nous quand ma mère allume la lampe à pétrole, et je joue avec lui. »
Jaloux et malheureux, le mari se détourna et quitta le village. La mère, en rentrant des champs, apprit l’arrivée et le départ immédiat de son mari sans jamais pouvoir en comprendre les causes.

Tous les jours, avec son enfant dans les bras, elle allait dans les montagnes, en haut d’un rocher, regardant vers le lointain, pour attendre son mari. Mais il ne revint jamais. Et elle se transforma en pierre.

Cette statue naturelle de grandeur humaine domine toujours le col « Me bôñg con » (« La mère qui tient son enfant dans ses bras ») qui relie le nord et le sud du Viêtnam.

Conte viêtnamien, raconté par NINH Thi Den & NGUYEN Thi Uyên